Royan, manifeste de la modernité côtière
Sous la direction de Claude Ferret, urbaniste en chef, une équipe d’architectes novateurs transforme Royan en vitrine de l’architecture moderne — lignes épurées, béton sculpté, volumes lumineux et ancrage dans le paysage atlantique. Plutôt que de reconstituer le passé, ils inventent une ville nouvelle, fonctionnelle, ouverte sur la mer.
Marché Central : le temple du quotidien
Érigé en 1955 par Louis Simon et André Morisseau, le Marché Central incarne l’innovation technique et esthétique. Sa coque de béton nervuré, autoportante, évoque une coquille renversée ou une voile tendue. À la fois monument et espace populaire, ce marché est aujourd’hui classé Monument Historique et reste en activité. Son plan circulaire fluide permet une circulation naturelle entre les étals, baignée de lumière.
Villas modernistes : un style balnéaire réinventé
Le quartier du Parc regorge de villas aux formes audacieuses, incarnant un modernisme à échelle humaine :
Villa Grille-Pain (1956) : conçue par Pierre Marmouget et Édouard Pinet, elle surprend par sa silhouette cubique ajourée et sa façade de claustras. Une œuvre emblématique du goût pour le jeu de volumes et d’ombres.
Villa Boomerang (1959) : toujours par Marmouget, elle est construite sur pilotis, avec un toit en forme de boomerang et de larges baies vitrées. Elle évoque l’influence de l’architecture brésilienne d’Oscar Niemeyer.
Villa Mbi Ye No (1952–1955) : conçue par Baraton, Bauhain et Hébrard, la villa se distingue par son escalier hélicoïdal extérieur, enroulé autour d'un pilotis, menant à une loggia biseautée. Cette conception originale maximise la lumière naturelle et l'aération, tout en offrant une vue dégagée sur le ciel.
Villa Thalassa (1950–1955) : une réalisation de l'architecte Pierre Marmouget. Elle se caractérise par son toit en forme de "V" inversé, ses pilotis et ses grandes baies vitrées, offrant une vue panoramique sur l'océan Atlantique. Cette villa reflète l'influence de l'architecture moderniste brésilienne, notamment celle d'Oscar Niemeyer.
Palais des Congrès : transparence et courbes
Inauguré en 1957, le Palais des Congrès de Jean-Michel Ricart est un autre joyau de cette reconstruction ambitieuse. Posé face à la mer, il mêle lignes courbes, baies vitrées en façade, et structure en béton blanc. À la fois lieu de culture et de rencontres, il reste une icône de Royan, régulièrement restaurée pour conserver son éclat d’origine.
À l’heure où l’on repense l’urbanisme dans une perspective durable, Royan apparaît comme une référence : usage raisonné du béton, adaptation au climat, qualité des espaces publics. Plus qu’un vestige des années 1950, c’est un laboratoire encore vivant — où modernisme et art de vivre dialoguent en bord de mer.